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Raviver le feu

(Pentecôte : Actes 2, 1-11 ; Galates 5, 16-25 ; Jean 15, 26-27 et 16, 12-15)

Les disciples se réunissaient dans la chambre haute depuis un certain temps. Là, ils avaient prié, ils avaient élu Matthias pour remplacer Judas et, selon la parole de Jésus lors de son Ascension, ils attendaient que s'accomplisse « la promesse du Père ».

Puis, dans le vent et le feu, l'Esprit est venu les chasser, pour ainsi dire, de la chambre haute dans le monde pour y prêcher, et « chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. »

Dans l'Acclamation de l'Évangile d'aujourd'hui, nous prions : « Viens, Esprit Saint ! Emplis le cœur de tes fidèles ! Allume en eux le feu de ton amour ! » et dans la séquence : « Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé ».

Dans la deuxième lecture, st Paul essaie d'aider les galates à comprendre que leurs querelles sectaires (entre autres choses) n'ont rien à voir avec les fruits de l'Esprit. « Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit », écrit-il. En d'autres mots, laissez de côté tout ce qui ne se rapporte pas à l'Esprit.

Ces paroles pourraient nous pousser à nous sentir bien coupables. Si c'est le cas, qu'est-ce qui nous retient ?

À la Salette, Marie est venue raviver le feu de l'amour de Dieu dans son peuple. Par son message elle voulait les ébranler, les réveiller de leur complaisance, afin qu'ils puissent répondre à leur vocation chrétienne, comme l'Esprit le leur permettait.

Le défi de la Pentecôte demeure toujours d'enflammer de nouveau notre cœur, mais non pas seulement pour nous-mêmes. Le feu doit se propager. Il s'agite constamment ; s'il reste au même endroit, il s'éteint.

De même pour la Salette. Les pèlerins de la Sainte Montagne s'attristent souvent quand vient le moment de partir. Il en est de même pour la Salette que pour la chambre haute de la Pentecôte. Ce qui y est vécu ne doit pas se confiner à ce lieu.

La Belle Dame est apparue dans la lumière, tirer de nouveau notre attention sur son Fils. Elle a parlé de façon à être comprise. En tant que salettins, il ne nous suffit pas de répéter ses paroles. Nous devons vraiment écouter les autres, parler un langage commun ; nous avons encore besoin que l'Esprit Saint nous pousse à aller dans le monde pour prêcher, travailler, vivre et manifester notre amour pour Dieu, et ainsi traduire la Salette par nos paroles et nos actions.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)
lundi, 03 mai 2021 14:54

Le message... le rêve de Dieu

Le message de Notre-Dame de La Salette met en lumière le rêve de Dieu

Mai 2020

Rêver avec le Fils et la Mère

« Dieu dit : „ Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. ” Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1,2627). Au début de Livre de la Genèse et de l’histoire du salut, nous découvrons « le rêve de Dieu » pour l’humanité.

Nous trouvons ici une dynamique narrative semblable à celle du début de l’activité publique de Jésus. Dans la synagogue de Nazareth, Jésus partage avec les personnes rassemblées un autre rêve, celui de son ministère public, en appliquant à Lui-même ce qui vient d’être lu dans le prophète Isaïe (cf. Lc 4,1430).

Du point de vue narratif, aussi bien Dieu que Jésus sont des personnages guidés par des « buts » et des « desseins ». Mais arrêtons-nous brièvement sur la figure de Jésus. Dès les premiers instants de son ministère public, Jésus apparaît comme un homme tourné vers des objectifs. L’épisode de Nazareth, une fois situé dans le contexte du macro-récit de Luc, joue le rôle d’un texte programmatique. Il s’agit d’une « Magna Carta apostolique » de Jésus. En fait, dans cet épisode sont esquissés les objectifs du ministère de Jésus, exprimés à travers des images et le langage prophétiques. Abordé de cette façon, l’épisode de Nazareth nous permet de réfléchir sur l’importance d’avoir des « buts » et des « objectifs dans l’Esprit » tant dans notre vie religieuse qu’apostolique.

Premièrement : Avoir des « buts et desseins dans l’Esprit » est une responsabilité spirituelle (cf. par exemple Ph 3,1215). Nous pouvons vivre « par défaut » ou tracer notre chemin de vie de manière créative, selon les inspirations de l’Esprit. Nous pouvons vivre en nous fixant des « buts » et « objectifs » ou laisser les circonstances décider à notre place ce qu’il faut faire. C’est la différence entre vivre et subsister, entre vivre en réagissant simplement aux circonstances et vivre en dessinant notre chemin à la suite de Jésus de Nazareth.

Deuxièmement : Les « buts et desseins dans l’Esprit » sont des affirmations de la foi. Ils disent ce qui est important et pertinent pour nous, et en même temps, ils témoignent de notre expérience de Dieu, ainsi que de la confiance que nous mettons en Lui. Souvent, les grands « buts » et « desseins » traduisent une foi profonde, alors que les petits « desseins » et « buts » peuvent faire penser à une foi hésitante et superficielle (cf. Ep 3,221). Souvent, la mesure de notre foi en Dieu décide de la mesure de nos rêves, « buts » et « desseins ».

Troisièmement : Le fait de posséder des « buts et desseins dans l’Esprit », tant dans la vie religieuse qu’apostolique, nous évite le risque de nous déconcentrer et de perdre la direction. Il nous évite le risque de courir à l’aveugle et de battre l’air en vain (cf. 1 Co 9,26).

Quatrièmement : Les « buts et desseins dans l’Esprit » nous incitent à persister et persévérer.

Cinquièmement : Les « buts et desseins dans l’Esprit » construisent et façonnent notre caractère chrétien. Pendant que nous courons vers nos « buts et desseins », nous coopérons également avec l’Esprit à l’édification de notre caractère de disciples de Jésus de Nazareth (cf. Ph 3,12).

Tout comme le Fils, la Mère a aussi un rêve. Un rêve qui devient pour nous une mission. Les dernières phrases adressées par la « Belle Dame » à Maximin et Mélanie dévoilent ce rêve : « Faites-le passer à tout mon peuple ». C’est un rêve « en cours ». Son rêve. Notre « but et dessein dans l’Esprit ».

Appelés à s’identifier avec Dieu

« Dieu dit : „ Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. ” Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1,2627). 

Dieu a rêvé l’homme et l’a fait à son image et à sa ressemblance. Et même si à cause de sa désobéissance l’homme a perdu l’amitié de Dieu, le péché n’a pourtant pas détruit complètement cette relation, parce que Dieu rêvait de restaurer le genre humain : c’est pourquoi Il a envoyé son Fils (cf. J 3,16). Le plan d’envoyer le Fils fut précédé par de grandes figures dont la fidélité a été mise à l’épreuve, comme Noé, Abraham, Moïse, David. Avec eux, et surtout après Moïse, Dieu rêve de tout un peuple prophétique ; Il rêve du jour où il pourra purifier l’homme, changer son cœur de pierre en cœur de chaire, lui insuffler l’Esprit Saint. Ce rêve est devenu réalité dans son Fils, Jésus Christ, qui a expié nos péchés au prix de son sang versé sur la croix. Cette fois, le Christ, notre Paix, a offert à Dieu la possibilité de se rapprocher à nouveau de l’homme. Ce rêve s’est accompli le jour de la Pentecôte à travers l’envoi de l’Esprit Saint qui a créé une intimité, une relation et un corps dont les membres sont tous ceux qui répondent à l’invitation à entrer dans le Royaume inauguré par le Christ.

Le rêve de Dieu s’identifie avec sa volonté, « car Il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Ti 2,4). C’est pourquoi tout homme devrait s’approcher du Christ, « le Chemin de la vérité et de la vie ».

« Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle. »Dans cette invitation, la Messagère est porte-parole de son Fils bien-aimé. Elle n’apporte pas un message nouveau, mais désire nous guider, afin que nous mettions en pratique les enseignements de notre Seigneur Jésus Christ. C’est justement ici que le message de La Salette se réfère au rêve de Dieu, en ce sens qu’il tente de sortir l’homme de la boue du matérialisme, de la sécularisation et de l’indifférence dans laquelle il est plongé.

« S’ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. » « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1,15) : ce fut le grand appel que le Christ a lancé au monde, et que Marie ne cesse de répéter dans ses apparitions, à La Salette comme ailleurs. La conversion de l’homme garantit sa sanctification ; elle est le premier pas vers l’harmonie sur notre planète. L’état d’esprit de l’homme influe sur l’univers, il le pousse soit à se tourner vers Dieu, soit à s’éloigner de son Créateur. C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui, avec la pandémie de la Covid-19, et ce qui nous amène à reconsidérer notre attitude devant Dieu. 

La manière dont les hommes du monde ont essayé de gérer cette situation, en écartant Dieu, prouve que l’homme est déconcerté quand il tente d’appréhender les choses d’en haut. Un exemple concret de cette confusion, ce sont les restrictions que les croyants ont dû subir quant à la célébration des offices dans les églises au moment où, paradoxalement, l’ouverture des supermarchés et diverses manifestations étaient autorisées. Dans ce contexte d’une compréhension singulière de la laïcité, nous pouvons réprouver notre silence qui s’apparente au conformisme. Au contraire, Notre-Dame affirme avec force la primauté du spirituel, dans la soumission à Dieu.

Destinés au Ciel

Dans son discours, Jésus a rappelé que « telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour » (Jn 6,39). C’est le plan d’action de Dieu au cours de l’histoire. Appelés à l’existence, avec notre coopération dans la mise au monde de la nouvelle génération, nous sommes pour Dieu « la prunelle de ses yeux ». Il tient à ce que chaque homme qui vit sur terre, partage avec Lui, Dieu Un et Trine, sa vie dans l’éternité. Au moment de sa conception, l’homme reçoit un don extraordinaire : la dignité d’un habitant potentiel du Ciel, avec Dieu et les autres êtres humains.

Marie est représentante de cette société qui a maintenant terminé son pèlerinage sur terre. Elle connaît bien tout le plan de Dieu et vient nous signaler où cette dignité d’habitant du Ciel est menacée. Avec son message, elle veut susciter en nous le désir du Ciel, nous montrer l’importance de la rencontre avec son Fils dans l’Eucharistie et enfin, nous sensibiliser au respect envers Celui qui s’est livré tout entier par amour.

Mélanie et Maximin étaient des enfants simples, mais ce qu’ils ont transmis au sujet de leur rencontre avec la « Belle Dame », n’a rien d’un mensonge ou d’une manipulation. Ils ont tout parfaitement enregistré : les habits de paysanne n’ont pas caché la majesté céleste de la « Belle Dame » ; sa façon de parler était si extraordinaire que même une langue étrangère et une longue conversation se sont imprimées de façon indélébile dans la mémoire des voyants, parce que ses paroles étaient fortement marquées par leur origine surnaturelle et parce que sa voix, malgré la tristesse, a inspiré chez les deux enfants la confiance et la compassion ; les larmes de Marie ont visiblement affecté Mélanie et Maximin, ce qu’ils exprimaient à chaque fois qu’ils racontaient cet événement, en provoquant à leur tour une profonde émotion chez leurs auditeurs ; la disparation de Marie a suscité chez les voyants une réflexion sur le fait qu’ils ne lui avaient pas demandé de les emmener avec elle ; même sans savoir qui était la « Belle Dame », ils désiraient partir avec elle où qu’elle aille, tellement l’impression que leur a laissé sa présence était belle et heureuse.

Cette grande nouvelle, apportée à nous tous en cet après-midi du samedi 19 septembre 1846, est triste, mais aussi grande et nécessaire. La Reine du Ciel et de la Terre vient pour libérer en nous la conscience de qui nous sommes pour Dieu : nous sommes ses enfants ! La seule prédestination liée au fait d’être un homme, est la prédestination au Ciel. Il n’y en a pas d’autres dans le plan de Dieu. Si ce plan ne conduit pas l’homme au Ciel, c’est uniquement de sa faute – c’est que l’homme ne le veut pas !

La Mère de Dieu et la Mère des hommes, ayant engendré l’Homme le plus célèbre – Jésus Christ – nous rappelle qu’en son Fils nous sommes tous frères et sœurs. Nous avons la même dignité que le Fils de Dieu car Dieu a décidé de nous adopter par son divine élection comme ses enfants.

Même si Marie nous montre plutôt nos omissions dans la réalisation du plan de Dieu, de la réflexion sur son message naît en nous le désir de faire attention aux affaires de Dieu et la volonté d’améliorer notre relation avec Dieu à travers Jésus Christ.

Marie ouvre une petite fenêtre, afin que nous puissions entrevoir la réalité, dans laquelle elle est déjà présente et vers laquelle elle veut nous conduire tous. C’est le Ciel et la vie éternelle avec Dieu. 

Celui qui désire cela, réconforte son cœur maternel.

Flavio Gillio MS

Eusébio Kangupe MS

Karol Porczak MS

Publié dans MISSION (FR)
lundi, 03 mai 2021 14:31

Méditation - Mai 2021

Le message de Notre-Dame de La Salette met en lumière le rêve de Dieu

Mai 2020

Rêver avec le Fils et la Mère

« Dieu dit : „ Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. ” Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1,2627). Au début de Livre de la Genèse et de l’histoire du salut, nous découvrons « le rêve de Dieu » pour l’humanité.

Nous trouvons ici une dynamique narrative semblable à celle du début de l’activité publique de Jésus. Dans la synagogue de Nazareth, Jésus partage avec les personnes rassemblées un autre rêve, celui de son ministère public, en appliquant à Lui-même ce qui vient d’être lu dans le prophète Isaïe (cf. Lc 4,1430).

Du point de vue narratif, aussi bien Dieu que Jésus sont des personnages guidés par des « buts » et des « desseins ». Mais arrêtons-nous brièvement sur la figure de Jésus. Dès les premiers instants de son ministère public, Jésus apparaît comme un homme tourné vers des objectifs. L’épisode de Nazareth, une fois situé dans le contexte du macro-récit de Luc, joue le rôle d’un texte programmatique. Il s’agit d’une « Magna Carta apostolique » de Jésus. En fait, dans cet épisode sont esquissés les objectifs du ministère de Jésus, exprimés à travers des images et le langage prophétiques. Abordé de cette façon, l’épisode de Nazareth nous permet de réfléchir sur l’importance d’avoir des « buts » et des « objectifs dans l’Esprit » tant dans notre vie religieuse qu’apostolique.

Premièrement : Avoir des « buts et desseins dans l’Esprit » est une responsabilité spirituelle (cf. par exemple Ph 3,1215). Nous pouvons vivre « par défaut » ou tracer notre chemin de vie de manière créative, selon les inspirations de l’Esprit. Nous pouvons vivre en nous fixant des « buts » et « objectifs » ou laisser les circonstances décider à notre place ce qu’il faut faire. C’est la différence entre vivre et subsister, entre vivre en réagissant simplement aux circonstances et vivre en dessinant notre chemin à la suite de Jésus de Nazareth.

Deuxièmement : Les « buts et desseins dans l’Esprit » sont des affirmations de la foi. Ils disent ce qui est important et pertinent pour nous, et en même temps, ils témoignent de notre expérience de Dieu, ainsi que de la confiance que nous mettons en Lui. Souvent, les grands « buts » et « desseins » traduisent une foi profonde, alors que les petits « desseins » et « buts » peuvent faire penser à une foi hésitante et superficielle (cf. Ep 3,221). Souvent, la mesure de notre foi en Dieu décide de la mesure de nos rêves, « buts » et « desseins ».

Troisièmement : Le fait de posséder des « buts et desseins dans l’Esprit », tant dans la vie religieuse qu’apostolique, nous évite le risque de nous déconcentrer et de perdre la direction. Il nous évite le risque de courir à l’aveugle et de battre l’air en vain (cf. 1 Co 9,26).

Quatrièmement : Les « buts et desseins dans l’Esprit » nous incitent à persister et persévérer.

Cinquièmement : Les « buts et desseins dans l’Esprit » construisent et façonnent notre caractère chrétien. Pendant que nous courons vers nos « buts et desseins », nous coopérons également avec l’Esprit à l’édification de notre caractère de disciples de Jésus de Nazareth (cf. Ph 3,12).

Tout comme le Fils, la Mère a aussi un rêve. Un rêve qui devient pour nous une mission. Les dernières phrases adressées par la « Belle Dame » à Maximin et Mélanie dévoilent ce rêve : « Faites-le passer à tout mon peuple ». C’est un rêve « en cours ». Son rêve. Notre « but et dessein dans l’Esprit ».

Appelés à s’identifier avec Dieu

« Dieu dit : „ Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. ” Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1,2627). 

Dieu a rêvé l’homme et l’a fait à son image et à sa ressemblance. Et même si à cause de sa désobéissance l’homme a perdu l’amitié de Dieu, le péché n’a pourtant pas détruit complètement cette relation, parce que Dieu rêvait de restaurer le genre humain : c’est pourquoi Il a envoyé son Fils (cf. J 3,16). Le plan d’envoyer le Fils fut précédé par de grandes figures dont la fidélité a été mise à l’épreuve, comme Noé, Abraham, Moïse, David. Avec eux, et surtout après Moïse, Dieu rêve de tout un peuple prophétique ; Il rêve du jour où il pourra purifier l’homme, changer son cœur de pierre en cœur de chaire, lui insuffler l’Esprit Saint. Ce rêve est devenu réalité dans son Fils, Jésus Christ, qui a expié nos péchés au prix de son sang versé sur la croix. Cette fois, le Christ, notre Paix, a offert à Dieu la possibilité de se rapprocher à nouveau de l’homme. Ce rêve s’est accompli le jour de la Pentecôte à travers l’envoi de l’Esprit Saint qui a créé une intimité, une relation et un corps dont les membres sont tous ceux qui répondent à l’invitation à entrer dans le Royaume inauguré par le Christ.

Le rêve de Dieu s’identifie avec sa volonté, « car Il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Ti 2,4). C’est pourquoi tout homme devrait s’approcher du Christ, « le Chemin de la vérité et de la vie ».

« Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle. »Dans cette invitation, la Messagère est porte-parole de son Fils bien-aimé. Elle n’apporte pas un message nouveau, mais désire nous guider, afin que nous mettions en pratique les enseignements de notre Seigneur Jésus Christ. C’est justement ici que le message de La Salette se réfère au rêve de Dieu, en ce sens qu’il tente de sortir l’homme de la boue du matérialisme, de la sécularisation et de l’indifférence dans laquelle il est plongé.

« S’ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. » « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1,15) : ce fut le grand appel que le Christ a lancé au monde, et que Marie ne cesse de répéter dans ses apparitions, à La Salette comme ailleurs. La conversion de l’homme garantit sa sanctification ; elle est le premier pas vers l’harmonie sur notre planète. L’état d’esprit de l’homme influe sur l’univers, il le pousse soit à se tourner vers Dieu, soit à s’éloigner de son Créateur. C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui, avec la pandémie de la Covid-19, et ce qui nous amène à reconsidérer notre attitude devant Dieu. 

La manière dont les hommes du monde ont essayé de gérer cette situation, en écartant Dieu, prouve que l’homme est déconcerté quand il tente d’appréhender les choses d’en haut. Un exemple concret de cette confusion, ce sont les restrictions que les croyants ont dû subir quant à la célébration des offices dans les églises au moment où, paradoxalement, l’ouverture des supermarchés et diverses manifestations étaient autorisées. Dans ce contexte d’une compréhension singulière de la laïcité, nous pouvons réprouver notre silence qui s’apparente au conformisme. Au contraire, Notre-Dame affirme avec force la primauté du spirituel, dans la soumission à Dieu.

Destinés au Ciel

Dans son discours, Jésus a rappelé que « telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour » (Jn 6,39). C’est le plan d’action de Dieu au cours de l’histoire. Appelés à l’existence, avec notre coopération dans la mise au monde de la nouvelle génération, nous sommes pour Dieu « la prunelle de ses yeux ». Il tient à ce que chaque homme qui vit sur terre, partage avec Lui, Dieu Un et Trine, sa vie dans l’éternité. Au moment de sa conception, l’homme reçoit un don extraordinaire : la dignité d’un habitant potentiel du Ciel, avec Dieu et les autres êtres humains.

Marie est représentante de cette société qui a maintenant terminé son pèlerinage sur terre. Elle connaît bien tout le plan de Dieu et vient nous signaler où cette dignité d’habitant du Ciel est menacée. Avec son message, elle veut susciter en nous le désir du Ciel, nous montrer l’importance de la rencontre avec son Fils dans l’Eucharistie et enfin, nous sensibiliser au respect envers Celui qui s’est livré tout entier par amour.

Mélanie et Maximin étaient des enfants simples, mais ce qu’ils ont transmis au sujet de leur rencontre avec la « Belle Dame », n’a rien d’un mensonge ou d’une manipulation. Ils ont tout parfaitement enregistré : les habits de paysanne n’ont pas caché la majesté céleste de la « Belle Dame » ; sa façon de parler était si extraordinaire que même une langue étrangère et une longue conversation se sont imprimées de façon indélébile dans la mémoire des voyants, parce que ses paroles étaient fortement marquées par leur origine surnaturelle et parce que sa voix, malgré la tristesse, a inspiré chez les deux enfants la confiance et la compassion ; les larmes de Marie ont visiblement affecté Mélanie et Maximin, ce qu’ils exprimaient à chaque fois qu’ils racontaient cet événement, en provoquant à leur tour une profonde émotion chez leurs auditeurs ; la disparation de Marie a suscité chez les voyants une réflexion sur le fait qu’ils ne lui avaient pas demandé de les emmener avec elle ; même sans savoir qui était la « Belle Dame », ils désiraient partir avec elle où qu’elle aille, tellement l’impression que leur a laissé sa présence était belle et heureuse.

Cette grande nouvelle, apportée à nous tous en cet après-midi du samedi 19 septembre 1846, est triste, mais aussi grande et nécessaire. La Reine du Ciel et de la Terre vient pour libérer en nous la conscience de qui nous sommes pour Dieu : nous sommes ses enfants ! La seule prédestination liée au fait d’être un homme, est la prédestination au Ciel. Il n’y en a pas d’autres dans le plan de Dieu. Si ce plan ne conduit pas l’homme au Ciel, c’est uniquement de sa faute – c’est que l’homme ne le veut pas !

La Mère de Dieu et la Mère des hommes, ayant engendré l’Homme le plus célèbre – Jésus Christ – nous rappelle qu’en son Fils nous sommes tous frères et sœurs. Nous avons la même dignité que le Fils de Dieu car Dieu a décidé de nous adopter par son divine élection comme ses enfants.

Même si Marie nous montre plutôt nos omissions dans la réalisation du plan de Dieu, de la réflexion sur son message naît en nous le désir de faire attention aux affaires de Dieu et la volonté d’améliorer notre relation avec Dieu à travers Jésus Christ.

Marie ouvre une petite fenêtre, afin que nous puissions entrevoir la réalité, dans laquelle elle est déjà présente et vers laquelle elle veut nous conduire tous. C’est le Ciel et la vie éternelle avec Dieu. 

Celui qui désire cela, réconforte son cœur maternel.

Flavio Gillio MS

Eusébio Kangupe MS

Karol Porczak MS

Publié dans INFO (FR)

Commissionnés par le Christ

(L’Ascension, célébrée le dimanche dans de nombreux diocèses : Actes 1, 1-11 ; Éphésiens 4, 1-13 ; Marc 16, 15-20).

La conclusion de l'Évangile de Marc, qui se lit aujourd'hui, semble combiner le récit de l'Ascension de st Luc avec le récit de st Matthieu du mandat de Jésus de proclamer l'Évangile par le monde entier.

La commission a été donnée. Quelle tâche énorme, quelle grave responsabilité ! Mais soyez sans peur, car le Christ ne prévoit pas pour nous la faillite mais, en fin de compte. le succès.

Dans la première lecture, juste avant l'Ascension, Jésus fait la promesse : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem... et jusqu’aux extrémités de la terre ».

Dans Marc, Jésus énuméra aux disciples les signes qui accompagneraient leur ministère, après quoi il a disparu à leurs regards.

À la Salette, la Belle Dame a promis ce qui se verrait « s'ils se convertissent ». Elle a aussi donné une commission, en commençant d’abord par Mélanie et Maximin : « Vous le ferez passer à tout mon peuple ».

Après, elle s'est détournée, a répété sa dernière commande et est remontée au ciel. Elle était venue nous rappeler gentiment la tâche que son Fils nous a laissée à faire, et maintenant elle était partie.

Cette solennité ne consiste pas seulement à reconnaître que le Christ est monté à la place qui lui était réservée à la droite de Dieu. Elle est pour nous, le corps du Christ ici sur terre, qui désirons nous aussi monter, pour être avec le Christ, la tête de notre Église. Il faut nous y prendre.

Nous avons tout ce qu’il faut, surtout les sacrements. Nous avons le manuel d’usage, c'est-à-dire les saintes Écritures et l’enseignement de l'Église. Nous avons chacun notre habilité particulière, notre charisme et notre spécialité à apporter ; comme on voit dans la seconde lecture : « Les dons qu’il a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi ».

Nous prions : « Seigneur, enflamme dans nos cœurs le désir de notre patrie céleste et fais-nous avancer, sur les traces du Sauveur, vers le lieu où, pour nous, il est entré avant nous » (Messe de la veille au soir). En tant que salettins, nous désirons y retrouver Marie aussi.

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Aimé et choisi

(6e dimanche de Pâques : Actes 10, 25-48 ; 1 Jean 4, 7-10 ; Jean 15, 9-17)

Jésus dit à ses disciples : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ». Ils le savaient déjà, évidemment, mais en ce moment, à la veille de sa passion, le rappel était important. Ces mêmes paroles ont résonné de tout temps, pour chaque génération de croyants. Cela inclut chacun de nous.

Maximin et Mélanie n'ont pas choisi la Sainte Vierge. C'est elle qui les a choisis. À partir d'eux, son message aussi a porté du fruit qui demeurera.

Ce choix n'est pas exclusif. Dans la première lecture d'aujourd'hui, saint Pierre et ses compagnons, chez Corneille, « furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu. En effet, on les entendait parler en langues et chanter la grandeur de Dieu ». Ils ne pouvaient recevoir de meilleure confirmation de la parole de Pierre : « Dieu est impartial ».

Ainsi, nous voyons la vérité exprimée dans le Psaume d'aujourd'hui : « La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu ».

L'Esprit Saint est venu comme un don, apportant d’autres dons que l'Église nomme charismes. Le charisme de la Salette n'est pas une chose choisie pour nous-mêmes. Au contraire, c’est le charisme qui nous a attirés. Nous sommes ses ministres, annonçant la réconciliation par toute la terre.

Mais il ne faut pas oublier les autres lectures d'aujourd'hui, qui parlent toutes de l’amour. Quand Jésus nous dit de nous aimer les uns les autres, il nous en fournit le fondement et le modèle : « comme je vous ai aimés ». Il faut donc d'abord croire qu'il nous aime vraiment, et accepter cet amour. Ensuite, nous devons essayer de l'imiter—un défi dont on trouve écho dans la deuxième lecture.

L'un des plus beaux poèmes d'amour de la littérature commence par ces mots : « Comment je t’aime ? Laisse m’en compter les formes ». Si nous écoutons Jésus de tout notre cœur, pouvons-nous l'entendre compter les formes dont il nous aime ?

En tant que salettins, il nous suffit peut-être de regarder le crucifix qui repose sur le cœur de la Belle Dame. Sur la sainte montagne, elle est apparue au moment et dans le lieu qui avaient besoin d'un message d'amour et de tendre miséricorde.

Que notre prière soit d'accepter l'amour infini de Dieu, et d’en vivre, en glorifiant Dieu en paroles et en action, et en parlant en langues d'amour (avec ou sans paroles).

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Fruit de la vigne ou de l'arbre

(5e dimanche de Pâques : Actes 9, 26-31 ; 1 Jean 3, 18-24 ; Jean 15, 1-8)

Jésus, faisant référence à une scène familière aux gens de son époque, se présente comme une vigne dans le vignoble du Père, et ses disciples comme des sarments. Aujourd’hui, il pourrait utiliser une métaphore différente, un verger, par exemple. Alors il aurait dit : « Je suis l'arbre ».

Tout le reste serait le même : « Le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même... Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit ». Les bonnes branches sont taillées et les mauvaises rejetées.

De même le Père, qui s’occupe de la vigne, s’occupe de l'arbre. Il sait que certaines branches poussent rapidement mais ne porteront jamais de fruit. S’il les laisse pousser, elles épuiseront les ressources des autres. Son expérience lui dicte ce qu’il faut pour la santé de l’arbre, afin de produire des fruits abondants et de qualité.

Jésus semble presque implorer ses disciples quand il dit : « Demeurez en moi, comme moi en vous ». Il se soucie d'eux. À la Salette, la Belle Dame a constaté avec tristesse que certains chrétiens n’entendaient plus cet appel.

Employant le langage de Marie à propos du blé gâté et des pommes de terre pourries, on pourrait dire qu'elle a trouvé que la vigne ou l'arbre avait très besoin d'être taillé et soigné, qu'il était malade et plein des pousses inutiles de l'apathie spirituelle. Elle offre donc le remède nécessaire pour la conversion et la réconciliation, de sorte que nous, les branches, puissions porter fruit de nouveau.

Il y a une autre façon par laquelle la Salette donne l’exemple de ce que la conversion véritable peut faire pour produire de bons fruits. Considérez l’effort missionnaire des communautés religieuses et des mouvements laïcs qui ressortent de l'Apparition. Par leur moyen, plusieurs individus et pays ont reçu la « grande nouvelle » de la Vierge ; la mission a produit beaucoup de fruits de réconciliation.

Si nous privilégions, pour un instant, la métaphore de l'arbre, nous pouvons penser au fruit tombé, que le cultivateur ne jette pas. L’on pourrait en dire autant des personnes marginalisées. Elles doivent être incluses dans notre mission ; comme le dit st Jean dans la deuxième lecture : « N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité ».

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)

Le Seigneur est mon...

(4e dimanche de Pâques : Actes 4, 8-12 ; 1 Jean 3, 1-2 ; Jean 10, 11-18)

La plupart de nos lecteurs, pour compléter notre phrase titre, mettraient : berger. On serait peut-être surpris que ce jour, souvent appelé dimanche du Bon Pasteur, la Liturgie n’emploie pas le Psaume vingt-deux comme responsorial.

Cependant, tandis que l'Évangile se concentre sur Jésus en tant que pasteur, les autres lectures et le psaume considèrent d'autres images ou titres.

Par exemple, Jésus est la pierre méprisée. Saint Pierre, continuant le discours de notre lecture de la semaine dernière, applique le psaume 117 au peuple qui l’entoure dans le Temple : « La pierre méprisée de vous, les bâtisseurs », signalant ainsi l'attitude hostile de certains parmi le peuple et des chefs vers le Christ.

À la Salette, la Sainte Vierge a donné des exemples de la façon dont son peuple avait méprisé son Fils. Avons-nous, personnellement, mérité ses reproches ? En contemplant le crucifix sur sa poitrine, entendons-nous les paroles de Pierre, lorsqu’il parle de « Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié » ? Si c’est le cas, approchons-nous du Seigneur avec un humble repentir.

Jésus est la pierre d’angle, le fondement de notre foi et de l'Église. Cette image ressemble beaucoup à ce que nous trouvons dans le Psaume 17, où David appelle le Seigneur « ma force, mon roc, ma forteresse, mon libérateur ». Là on se trouve devant Dieu dans une attitude de confiance.

Il en est de même pour nous vis-à-vis du Bon Pasteur, bien que l’orgueil nous tente de procéder suivant notre propre avis, même quand il nous mène sur le chemin du péché. Ne voulant être abandonnes par le Bon Pasteur—souvenez-vous des paroles de Marie : « Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas » —pourquoi oserions-nous l’abandonner ? Nous avons besoin de lui pour nous guider, pour nous nourrir (surtout de l'Eucharistie), pour nous protéger.

Pierre méprisée, pierre d’angle, Bon Pasteur : il ne s’agit pas seulement de nomenclature, mais de notre rapport avec Dieu le Fils.

Certains diraient peut-être : « Le Seigneur est mon ami », non pas comme des égaux, bien sûr, mais en tant que quelqu'un qui se soucie de nous. Le message de la Salette en dit autant.

Réfléchissez-y. Jésus, c’est qui pour vous ? Qui êtes-vous pour lui ? Plus important encore, ressentez-vous profondément son amour pour vous ? Y répondez-vous pareillement ?

Traduction : P. Paul Belhumeur, M.S.

Publié dans MISSION (FR)
lundi, 29 mars 2021 10:06

Lettre - Pâques 2021

Saintes Pâques 2021

« Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures.  Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » ( 1 Cor 15,3-4 )

« S’ils se convertissent… » ( Marie à La Salette )

Chers confrères,

Comme l'année dernière, cette année encore les vœux de Pâques du Conseil Général et mes vœux personnels vous parviennent dans vos communautés et dans vos lieux de travail pastoral, alors que la pandémie du coronavirus ne semble pas vouloir se calmer. Au contraire, elle continue à sévir avec plus ou moins d'intensité partout dans le monde, semant la peur et l'incertitude quant à l'avenir, et mettant à rude épreuve les systèmes sanitaires, sociaux et économiques de nos différents pays.

Nous nous sentons tous impliqués à divers titres dans ce phénomène qui modifie notre façon de concevoir et de voir le monde, la société, les relations interpersonnelles et notre propre vie. Nous vivons en fait une véritable révolution "copernicienne" affectant les valeurs autour desquelles nous sommes appelés à construire notre avenir proche et celui du monde, dans l'espoir qu'il soit meilleur que le présent. De la centralité du faire et de l'efficacité, nous passons à juste titre à la centralité de la personne avec ses droits à respecter et ses devoirs à mettre en œuvre.

La vie religieuse, par conséquent, n'est pas entièrement exempte de ce changement d'époque en cours.  Loin du rythme de vie frénétique qui caractérisait notre condition de religieux et de prêtres, soudainement limités dans nos déplacements et nos ministères, nous avons découvert, tout au long de cette année, l'importance des relations interpersonnelles, faites avant tout de petits gestes d'accueil et d'écoute des autres, d'attention et de service mutuel, de gratuité généreuse et de temps partagé. D’autre part nous avons expérimenté, en même temps que la fatigue de vivre la foi en communauté... la beauté du goût redécouvert pour la vie de prière personnelle et communautaire, accompagné de l'effort de "mettre à jour" la manière d'être présent au peuple de Dieu confié à notre soin pastoral.

J'espère que cette expérience, non voulue mais imposée de force et sans préavis par les circonstances adverses que nous connaissons, se transforme en "Kairós", en un temps favorable et de grâce pour nous tous et nous aidera à nous reprendre et à nous remettre en chemin avec responsabilité, détermination, enthousiasme et sans peur, en renouvelant profondément notre façon de vivre notre fidélité à suivre le Seigneur à la lumière du message de la Vierge en pleurs de La Salette.

Ce serait une occasion manquée si, une fois cette "tempête pandémique" passée, les choses reviennent à ce qu'elles étaient auparavant dans notre vie religieuse personnelle et communautaire ainsi que dans la pastorale, sans laisser aucune trace de son passage et des stimulations qu'elle a suscitées et favorisées. Le pape François a affirmé que de cette pandémie on sort soit meilleur soit pire... et dans tous les cas, jamais comme avant. Il n’existe pas d’autre voie. Si cela est vrai pour tout le monde, cela doit être encore plus vrai pour nous, religieux salettins.

Avec toute l'Église nous serons également appelés à renouveler notre langage "religieux", qui semble souvent usé et dépassé, fait de mots abstraits et vides et donc incapable de communiquer au monde d'aujourd'hui, avec fraîcheur et mordant, la richesse de l'Évangile et le témoignage joyeux de notre vie religieuse. C'est un défi auquel nous sommes tous confrontés personnellement et auquel aucun d'entre nous ne peut facilement échapper.

Nous devrions sortir renouvelés et encouragés à tous les niveaux de cette expérience inhabituelle et, à bien des égards, douloureuse. C'est le souhait que je formule pour chacun d'entre nous.

Il ne peut y avoir de Résurrection pascale sans ce passage étroit que sont la souffrance, le cri d'abandon et le mort vécue le Vendredi Saint. C'est seulement ainsi que Pâques devient la célébration par excellence de l'espérance qui ne trompe pas et de l'explosion de la vie nouvelle offerte à tous et inaugurée par le Christ ressuscité.

Tous nous savons que le message de La Salette est essentiellement un message pascal fait de forts appels à la conversion, à l'engagement personnel, à revoir et à renouveler notre relation personnelle avec Dieu et avec l'Église, mais aussi de promesses d'une plénitude de vie illuminée et purifiée par cette lumière éblouissante qui émane du Christ, crucifié et glorieux à la fois, suspendu à la poitrine de la Belle Dame. C'est pourquoi nous aussi, avec saint Paul, nous pouvons affirmer avec force et à voix haute : "Le Christ ressuscité est notre espérance" (1 Co 15).

Cette année le mystère pascal de mort et de résurrection, de souffrance et de renaissance accompagne également les deux missions salettines en terre d’Afrique ainsi que la région du Myanmar.

Au Mozambique la situation ne semble pas s'être améliorée par rapport à ce qui a été rapporté dans la lettre de Noël. En fait elle continue à être critique et semble avoir échappé au contrôle des forces de police locales et nationales. Dernièrement certaines agences de presse ont fait état de crimes horribles commis contre des enfants dans la région de Cabo Delgado, qui est aux mains de groupes djihadistes sans scrupules. Pour le moment le Père Edegard travaille dans la ville de Pemba comme assistant et accompagnateur des nombreux réfugiés originaires non seulement de la paroisse de Nangololo. En étroite collaboration avec les Provinces du Brésil et de l'Angola, le CG envisage de restructurer la communauté dès que possible et de réorganiser sa présence pastorale dans le diocèse. Celui-ci, après le récent transfert de Mgr Luiz vers un autre siège (Brésil), est dirigée par un administrateur apostolique en la personne de Mgr Juliasse, évêque auxiliaire de Maputo. En attendant le nouvel évêque, avec lequel nous pourrons discuter sur l'avenir de la présence salettine dans la région, nous gardons constamment dans nos prières cette communauté et son développement futur, ainsi que le peuple persécuté qu'elle sert.

En Tanzanie, en vue d'ouvrir un premier centre de promotion des vocations et de formation pour les jeunes qui souhaitent faire partie de notre famille religieuse, nous cherchons à acquérir une maison et un terrain attenant. Le désir du CG, partagé par la communauté de Rutete, est de commencer le processus de formation au cours de l'actuelle Année mariale ou, au plus tard, au début de 2022. Avec grande confiance je place ce projet sous la protection de la Belle Dame de La Salette, notre Mère et Patronne. En même temps je le confie à l'attention et aux prières de toute la Congrégation.

Au nom de la Congrégation, je désire ardemment exprimer des sentiments de proximité spirituelle et de solidarité avec nos confrères de la jeune Région du Myanmar. Ils sont en train de vivre un moment de grand désarroi et de préoccupation pour le sort du processus démocratique du pays, brusquement interrompu par le récent coup d'État militaire (1er février).Nous espérons que la situation de guerre instaurée par les militaires, qui a conduit à un soulèvement populaire compréhensible et aussi, malheureusement, à la mort de tant d'innocents, prenne fin le plus rapidement possible et que la justice et le respect des règles de la démocratie, dûment rétablies, l'emporteront sur la haine et les divisions actuellement présentes dans le pays. Dans ce contexte d'incertitude et de peur pour le proche avenir les quatre nouvelles ordinations sacerdotales, qui ont eu lieu le 19 mars en la fête de saint Joseph, sont un grand signe de confiante espérance pour le pays, la Région et la Congrégation. Nous remercions le Seigneur pour le don de leur vocation. Éclairés et guidés par notre charisme, ils s'emploieront certainement à favoriser, par leurs paroles et surtout par le témoignage de leur vie, les voies de la réconciliation dans le pays, assoiffé de paix et de justice.

Que cette Sainte Pâque, avec sa bouleversante charge de lumière et de vie nouvelle, nous mène toujours davantage à intégrer notre existence en tant qu’humain et de religieux dans celle du Christ ressuscité et à nous laisser communiquer la vie en plénitude par son Esprit !

Puisse la Résurrection du Christ nous inciter à donner raison toujours et sans peur à cette foi et à cette espérance qui doivent animer notre vie de chrétiens et de religieux en tout lieu et en toute situation !

À nos confrères âgés ou souffrants, à ceux qui sont plongés dans les travaux de la pastorale, aux jeunes religieux, aux novices et aux jeunes en formation, ainsi qu'aux Sœurs de La Salette et aux nombreux Laïcs salettins qui, animés par le charisme de la réconciliation, travaillent avec nous dans le domaine de l'évangélisation et de la charité, j’adresse, également au nom du Conseil général, mes meilleurs vœux chrétiens pour de         

Joyeuses et Saintes Pâques de Résurrection !

Fraternellement vôtre,

P. Silvano Marisa MS

Supérieur Général

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